La tourbière de la Lande
Qu'est-ce qu'une tourbière ?
Les tourbières sont des milieux originaux qui abritent une flore et
une faune très particulières. Il n'en fallait pas plus, pour que
l'imagination débordante des hommes la peuple de légendes. On trouve
plus particulièrement les tourbières dans le nord de l'Europe, elles
sont rares dans les montagnes méditerranéennes. Dans l'Hérault, le
massif du Caroux-Espinouse fait exception et en possède quelques unes
dont la tourbière de la Lande située sur le plateau du Caroux
Comment naît une tourbière ?
Un relief en forme de cuvette, un sol imperméable, un apport d'eau
excédentaire alimenté par une source, et des précipitations sont à
l'origine des tourbières. Cette ambiance riche en eau favorise le
développement de certains végétaux. L'acidité de l'eau (comparable à
celle du vinaigre) et la pauvreté en oxygène, car l'eau est
stagnante, ne permet pas une bonne aération du sol : les
champignons et les bactéries, qui d'ordinaire permettent la
décomposition des végétaux, sont peu présents. Les débris végétaux
s'accumulent donc formant la tourbe.
La formation d'une tourbière demande plusieurs milliers d'années,
l'épaisseur de la tourbe peut donc atteindre plusieurs mètres, selon
l'importance de l'accumulation des végétaux.
Que ou qui peut-on rencontrer dans les tourbières ?
Des végétaux et des animaux ont fait preuve d'inventivité afin de
vivre dans ce milieu plutôt hostile. Partons à leur découverte :
La sphaigne : mousse verte et dépourvue de racines, vivant au contact
de l'eau où elle trouve sa nourriture. Telle une éponge, elle peut
stockée jusqu'à 25 fois son volume d'eau, qu'ensuite elle restitue
progressivement. Ainsi en période de sécheresse, elle maintient un
certain niveau d'eau. Elle participe également au maintien de l'acidité
de la tourbière : la décomposition incomplète de ses parties mortes
libérant des composés acidifiants.
La droséra à feuilles rondes : plante vivace aux racines frêles
qui prennent appui sur la sphaigne, se procurant ainsi les sels minéraux
et plus particulièrement ceux contenant de l'azote. Mais ces nutriments
indispensables, étant en quantité insuffisante, la droséra est devenue
carnivore. Pour ce faire, de fausses gouttes de rosée (faites de colle et
d'enzimes digestifs) ornent l'extrémité des poils de ses feuilles
attirant ainsi de petits insectes en quête d'eau et qui découvriront
trop tard le piège. Les feuilles se refermeront alors sur la victime qui
sera digéré en quelques heures. L'apparence de ce piège lui a valu le
nom de "rosée du soleil". La plante a des vertus
médicinales et a été utilisée pour soigner la coqueluche et la toux.
La linaigrette à feuilles étroites : parée d'épis terminés par
de longs poils soyeux et blancs, utilisés autrefois pour remplir les
coussins. Ses racines souterraines, couvertes de tiges denses et touffues,
descendent jusqu'à 2 ou 3 mètres de profondeur à la recherche des
éléments minéraux indispensables à sa survie.
Le lézard vivipare : contrairement aux autres lézards qui pondent
des oeufs et les abandonnent, l'embryon du lézard vivipare se développe
bien à l'abri dans le corps de sa mère, protégé par une fine enveloppe
qui se déchire lors de l'expulsion. Le jeune lézard reste avec sa mère.
Ce lézard affectionne les milieux humides, dont les tourbières et
possède une substance anti-gel dans le sang, on ne sait jamais.
Les tourbières et l'Histoire :
Une tourbière est une véritable source de renseignements sur l'histoire
du paysage et de son utilisation par l'homme. En effet, la tourbière, du
fait de la mauvaise décomposition des végétaux, conserve pendant des
milliers d'années les pollens qui y sont tombés. Plus on s'enfonce dans
la tourbière et plus les pollens sont anciens, permettant ainsi de
remonter dans le temps. Ainsi, la diminution des pollens d'arbres dans les
couches profondes révèlent le déforestation entreprise dès le
Moyen-âge. L'augmentation de pollens à graminées indique l'existence
des activités agricoles et pastorales. Enfin, la raréfaction de ces
derniers au profit de ceux des bruyères, des genêts et des arbres,
confirme l'exode rural du XX° siècle.
Restauration de la tourbière
:
En France, plus de la moitié des tourbières a disparu après les années
1950, la tourbière de la Lande a failli subir le même sort. Suite à
l'arrêt du pâturage sur le Caroux, le développement des saules et des
bruyères devenu trop important, menaçait l'existence de la tourbière et
de ses hôtes. Grâce à un programme de restauration, en automne 1999, de
nombreux saules et bruyères ont été coupés, quelques tiges et touffes
ont été conservées pour maintenir une diversité d'habitats et
favoriser leur utilisation par certaines espèces animales. Leur extension
sera toutefois régulièrement contrôlée.
Par ailleurs, pour éviter un piétinement très perturbateur des
fréquents promeneurs, du fait de la sensibilité des espèces, un ponton
en bois a été installé permettant ainsi à chacun de participer à la
protection de la tourbière.