Depuis une quinzaine d'années, des inondations catastrophiques causant de nombreuses victimes et d’importants dégâts ont affecté la France méditerranéenne : 11 morts à Nîmes en 1988, 42 dans le Vaucluse en 1992, 35 dans l'Aude et ses départements voisins en 1999 et 24 dans le Gard en 2002.

lundi 24 novembre 2003

Une quarantaine de routes ont été coupées suite à de fortes précipitations qui ont causé des inondations sans gravité dans l'Hérault et le Gard, où la situation revenait progressivement à la normale en fin d'après-midi.

La crue du fleuve Hérault dont le niveau a atteint jusqu'à 400 mm dans les Cévennes, a entraîné la coupure de routes, du nord à l'ouest du département, de Lodève à Pézenas, inondant champs et vignes. De même la circulation était fermée sur l'échangeur de l'A75 à Castelnau-de-Guers et sur la RN 110 à Boisseron.

Dans le Gard, une vingtaine d'axes routiers secondaires étaient également coupés.

Sommières, régulièrement victime d'inondations, était recouverte par plusieurs centimètres d'eau, les magasins du centre-ville historique, situé dans les quartiers bas, avaient mis en place devant leur entrée des bâtards d'eau, systèmes de protection livrés aux commerçants depuis les inondations de septembre 2002.

Le dimanche des précipitations touchaient aussi l'Aveyron, provoquant la crue de la rivière Tarn. Quelques inondations étaient constatées, lundi matin, dans les quartiers de Millau proches des berges, interdisant la circulation sur plusieurs routes départementales.

Jeudi 4 décembre 2003

Mercredi l’alerte rouge est déclenchée dans tout le département, le trafic SNCF est interrompu. Plusieurs dizaines de routes sont coupées dans le département, dont les nationales N113 à Gigean, Montagnac, Fabrègues, Lunel, N9 à Béziers, N112 à Portiragnes.

Dès le milieu de la matinée, tous les accès à Mauguio deviennent impraticables, des logements sont noyés sous un mètre et demi d'eau pour certains.

 


La mairie de Lattes met en place un PC crise : 500 habitants sont évacués. Il est presque 11 h en ce mercredi matin et, depuis l'aube, une violente pluie s'abat sur Lattes. Habituée aux inondations et au débordement du Lez, la commune pense avoir vécu « la pire journée depuis très très longtemps ». Les Jardins de plaisance, les bords du Lez à Port-Arianne ainsi que deux autres quartiers sont menacés et finalement évacués, l'événement est rare d’autant que la météo prévoit le pire pour l'après-midi. Le niveau du Lez progresse à vive allure : de 6,22 m à 6, 38 m en quelques minutes… Jusqu'à ce que, tout d'un coup, retentissent deux longues sirènes signalant le passage de l'alerte au niveau rouge. « La situation est exceptionnelle, les gens doivent rester chez eux », insiste le maire à la radio.


A Boirargues, une route est transformée en ruisseau et accessible seulement par canot. Au Fenouillet, les parkings sont recouverts d'eau, les magasins ont gardé le rideau de fer baissé. A Port-Arianne, les villas se vident. Le quartier Maurin devient rizière.

Pendant un certain temps l'inquiétude grandit du côté des autorités tandis que l'orage gronde de plus belle, il semblerait que la digue de la Mosson ait cédée. La ville est coupée du monde. Plus personne ne peut rejoindre Port-Arianne !
Heureusement la Mosson a en fait "seulement" été submergée, de mémoire d'anciens, c'est la première fois que Lattes connaît de telles précipitations.


En limite de Valras et de Vendres, la dune des Mouettes a été renforcée par enrochement sur une centaine de mètres.
« La dune aurait pu résister à un nouveau coup de mer, mais par précaution, nous avons préféré devancer les travaux et mettre des enrochements comme on le fait souvent », précisait Didier Gérard, directeur des services techniques de la commune.
Cette dune, qui protège des zones habitées, a souffert des deux derniers coups de mer, pourtant pas très violents. Par endroits, la mer l'a grignotée sur la moitié de sa largeur.
En 1997, alors qu'une partie de la plage n'était pas encore protégée, la mer et le sable étaient rentrés dans les rez-de-chaussée. « Depuis, les ouvrages ont joué leur rôle de protection, sauf dans le quartier des Mouettes », expliquait le maire de Valras.
 
A l'instar du Gard, tous les établissement scolaires héraultais sont restés fermés sur décision du préfet jeudi afin de limiter les déplacements.

Jeudi matin, la tendance étant à la décrue, l'alerte "orange" est levée à 10H00. Les mouvements de bateaux sont suspendus dans le port de Sète (Hérault), en raison de dégâts subis par un quai destiné à accueillir les bâtiments importants. Le trafic TGV et Grandes Lignes reprend normalement, ainsi que 8 TER sur 10.

L'épisode pluvio-orageux qui a frappé la région et tout particulièrement les départements du Gard et de l'Hérault n’est pas exceptionnel par sa nature même. C’est un phénomène méditerranéen classique, une perturbation provenant d'une collision entre des masses d'air chaud et de l'air froid, qui s'explique aussi par la douceur de l'arrière-saison (peu de mistral, surface de la mer Méditerranée très chaude et chargée d'humidité).


« Par contre explique Alain Charrasse, cet épisode est hors du commun par son amplitude : jusqu'à 20 départements ont été placés en vigilance orange». De même, c’est la première fois, depuis la nouvelle procédure d'alerte, en octobre 2001, que des départements sont en vigilance orange pendant plus de 48 heures.  

 
Rare aussi, reste la diversité des bassins versants concernés (« La Durance, le Gardon, l'Ardèche, etc., tous se déversent dans le Rhône ») Le moment de la saison où se produisent ces intempéries, plutôt tardivement en automne par rapport à de précédentes et récentes catastrophes, est  lui aussi étonnant.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser et à ce qui disent certains, on ne peut pas parler d'une tendance avérée à la hausse en ce qui concerne la pluviométrie , les statistiques ne montrent pas une plus grande fréquence des pluies diluviennes sur le sud-est depuis cinquante ans. Mais l’optimiste n’est pas de mise : « Les modèles climatiques prévoient clairement une augmentation des pluies l'hiver et une diminution l'été sur la France. Le pays devrait connaître cinq fois plus d'épisodes caniculaires alors que les pluies seraient 15 à 20 % plus abondantes l'hiver, surtout là où il pleut le plus, comme sur les Cévennes, le sud du Massif central et le sud des Alpes ».